Le 22ème rendez-vous FIGRA dédié aux journalistes de Charlie Hebdo et aux autres victimes des attentats de janvier 2015…
La programmation générale du FIGRA reflète le monde tel qu’il va aujourd’hui. C’est une plongée dans de nombreuses situations périlleuses et difficiles. Tous ces témoignages viennent renforcer, si besoin était, aujourd’hui plus qu’hier, l’impérieuse nécessité d’être informé en tant que citoyen dans une grande démocratie. C’est cette nécessité qui a fauché, dans un acte barbare, les journalistes de Charlie Hebdo. Alors comment ne pas leur dédier cette édition, eux qui sont morts parce qu’ils pensaient bêtement, et quelques fois méchamment, que la liberté d’expression n’avait ni prix, ni limite, du moment qu’elle s’attachait, par la caricature, à une autre forme de vérité. Il est douloureux pour tous ceux qui pensent librement, de se savoir menacés pour un article, un livre, un dessin , une expo ou un spectacle. Une lutte permanente s’engage pour ne pas sombrer dans la peur ou pire encore, dans l’autocensure.
Ainsi cette 22ème édition du FIGRA a été réalisée en pensant à eux vivants, tant il était impossible de croire à leur mort, eux qui accompagnaient nos vies depuis si longtemps. Plus que jamais le FIGRA met à l’honneur le courage des journalistes qui couvrent le monde pour témoigner et nous informer. Les débats de cette année portent l’empreinte de cette volonté avec Reporters Sans Frontières-RSF dans une soirée exceptionnelle « L’information dans le viseur » et dans l’exposition « On est ensemble » de Camille Lepage, photojournaliste morte en Centreafrique à l’âge de 26 ans, le 14 mai 2014. Avec Amnesty International, nous avons initié Le Prix de l’impact qui récompense un film qui a pu transformer, modifier ou changer une situation donnée pour, en quelque sorte « Changer le monde ». Des dessins réalisés autour des droits humains sont exposés pour marquer l’attachement du FIGRA à tous les regards sur le monde. Puis le Grand débat de la SCAM aborde un thème en référence à une phrase souvent entendue : « Nous avons choisi de ne pas montrer ces images » posant du même coup la question « Peut-on tout montrer ? Tout dire ?» qui met, directement ou indirectement, en cause ceux qui délivrent l’information : les journalistes.
Le FIGRA propose une programmation riche et dense, où se croisent tous les regards sur le monde, toutes les histoires qui donnent à cette réalité, souvent difficile, dangereuse, une dimension humaine incroyable. C’est aussi la magie du grand écran qui en donnant à voir le monde tel qu’il est, nous permet ensemble de mieux le saisir et de le décrypter. En passant dans tous ces pays, en vivant avec tous les personnages des films, on comprend mieux la place indispensable qu’occupent les journalistes et les documentaristes dans la chaîne de l’information du citoyen.
De plus en plus, nous serons obligés de nous interroger sur les valeurs que nous portons ensemble, et de tout faire pour qu’elles soient protégées, en développant la seule arme qui ait du sens : la connaissance !
Se battre pour que l’esprit du 11 janvier perdure, cela sous-entend une vraie prise de conscience collective et constante.
Georges Marque-Bouaret
Délégué général du FIGRA et son équipe